MÉMOIRE
SUR le mode de rédiger et de noter les observations météorologiques, afin d'en
obtenir des résultats utiles, et sur les considérations que l'on doit avoir en
vue pour cet objet.
Les vérités même les plus utiles sont toujours extrêmement difficiles à
persuader et a répandre, quand depuis longtemps l'opinion n'est pas dirigée vers
elles, et lorsqu'il faut vaincre une habitude de voir et d'agir autrement.
La météorologie, dans ce moment, offre une nouvelle preuve de ce principe bien
reconnu. En effet, on sait qu'elle est à-peu-près la seule des sciences
physiques qui depuis un demi-siècle n'ait fait aucuns progrès. On ne sauroit
douter cependant qu'elle ne soit encore loin d'avoir atteint le terme où elle
peut parvenir. Dans le peu que j'ai publié sur ce sujet, j'ai fait voir que si
cette utile partie des connoissances humaines étoit depuis si longtemps restée
en arrière et sans avancement, cela tenoit uniquement à la manière dont les
météorologistes jusqu'à-présent avoient dirigé leurs observations journalières,
et en avoient présenté les annotations.
Il semble, pour eux, que le but unique des observations météorologiques ne soit
autre que de procurer la détermination des termes extrêmes et des termes moyens
des variations que l'atmosphère subit dans chaque climat. Il y a cependant
grande apparence qu'on peut faire plus : personne au moins n'oseroit le nier. On
a néanmoins pris une route qui ne peut conduire à aucune découverte, et lorsque
la seule voie capable d'apprendre quelque chose est enfin indiquée et même,
démontrée, on s'obstine à suivre celle dont on a l'habitude, quoique l'on soit
convaincu qu'elle ne mène nullement au but qu' il seroit utile d'atteindre.
Qui osera contester que les principaux changemens qui surviennent dans l’état de
l'atmosphère, ne puissent être le résultat
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